top of page

Une nuit en enfer : où comment on a survécu à 16h de train en "HARD SEAT"

  • Photo du rédacteur: Marylynn Meunier
    Marylynn Meunier
  • 20 oct. 2017
  • 4 min de lecture

LE COMMENCEMENT

L'histoire débute à Xi'an où, forts de notre expérience d'achat de billets à Pékin et après une bonne nuit de sommeil en train couchette nous décidons de réserver notre billet pour notre prochaine destination Chengdu, dès notre arrivée. Direction le hall dédié pour les achats de billets. Là comme prévu nous faisons une première fois la queue pour tomber sur un guichet uniquement en chinois qui nous indique le guichet qui parle anglais (mais c'est un bien grand mot). Après 30 minutes de bataille sur l'inscription de nos noms sur les billets nous ressortons tout fiers du hall avec nos précieux sésames.

LE DRAME

Le jour de notre départ (12/09, jour que l'on est pas prêt d'oublier), 19h30 pour un départ à 21h19, on se dirige donc confiants, sûrs de nous et billets en mains vers le hall de départ. Marylynn passe la première et là ...la personne qui check les billets lui refuse l'accès : elle pointe la date et nous indique un 14 ! Quick check de la date ... on est bien le 12. Trop occupés à vérifier nos noms le jour de l'achat nous avons négligé la date (oui oui c'est possible) et un Tuesday c'est transformé en Thursday. 

L'ACTION

Le temps s'arrête quelques instants et un vent de panique s'empare de nous.

En quelques secondes à peine, on fait l'état de la situation. Seuls deux choix s'offraient à nous :

- Choix N1 : Accepter, se résigner à conserver le même billet et de ce fait rester à Xi'an, ''perdre'' deux jours, devoir repartir avec les sacs et retrouver une auberge etc. - Choix N2 : Ou bien, tenter de modifier/échanger les billets et partir quand même ce soir en prenant le risque de ne pas être remboursés et surtout de plus avoir de places disponibles. 

Étant donné qu'on avait le fort sentiment d'avoir fait le tour de la ville et que notre Couchsurfer Mac nous attendait pour le lendemain, le choix à été plutôt rapide pour nous deux.  

Marylynn, réagissant beaucoup mieux que moi sous la pression, me dit illico on file au guichet, presque (carrément) en courant.

L'ESPOIR

On arrive donc au guichet dédié aux échanges et remboursements. On leur explique la situation et par chance ils nous comprennent ! On demande donc un échange pour le même train que celui que l'on était censé prendre. 

La guichetiere nous annonce qu'il reste des places. GÉNIAL, MEGA COOL, on est soulagés et on retrouve le sourire. Celui-ci s'efface aussitôt quand elle ajoute "no sleepers, only seats". 

LE CHOIX

"Seats", comme expliqué dans notre article "Comment prendre le train en Chine ?" fait référence à la dernière catégorie de places proposées, la moins chère appelée "hardseat". On avait lu plusieurs blogs disant qu'apparemment c'est plutôt hard (comme le nom l'indique après tout), mais personne pour témoigner. Là, on se dit que c'est notre unique solution et on accepte. 

AUX PORTES DE L'ENFER 

Nos deux billets modifiés en poches, on se dirige vers notre train mi-soulagés mi-angoissés. Au moment d'embarquer et sachant que les 16h45 de train seront loooongues on passe devant les compartiments couchettes et je ne vais pas vous mentir à ce moment là, même les hard sleeper semblaient être tellement confortables...

On arrive finalement à notre wagon, là tout le monde se pousse mutuellement pour embarquer, mais nos gros sacs à dos de plus de 10 kilos nous donnent un avantage non négligeable dont on se sert largement.

LE MOMENT DE VÉRITÉ

On s'installe finalement à nos places et fait l'état des lieux. Ce sont des wagons pouvant contenir 118 personnes. D'un côté un groupe de 2x2 sièges se faisant face et de l'autre un groupe de 3x3 sièges se faisant également face. Une minitable de 30cm nous sépare au milieu sur laquelle s'amoncellent déjà tous les déchets de nos prédécesseurs. Entre chaque wagon des espaces fumeurs non fermés qui laissent s'incruster une odeur de cigarette. Débutaient les plus longues heures de toute notre vie.

LE VOYAGE

On s'installe on sait que ça va être long, qu'on va pas beaucoup dormir et que le mot confort est à exclure de notre langage pour un certain temps. Et nous étions encore loin de la réalité. Je vais essayer de vous décrire de la manière la plus fidèle possible notre aventure (parce qu'à ce stade, prendre le train est clairement une aventure). Fermez les yeux et imaginez vous... vous êtes assis sur des sièges de gare SNCF, vous avez mal partout et surtout aux fesses. Autour de vous une centaine de passagers à l'hygiène douteuse, qui, comme tout bon chinois qui se respecte, crachent, pètent et rotent à leur bon vouloir. Vous faites abstraction et tentez autant que possible de vous occuper l'esprit, mais, comme vous êtes européens, des dizaines de yeux vous fixent et scrutent le moindre de vos gestes pendant 16 heures. Pendant le trajet, un va et vient incessant des vendeurs de produits en tout genre, allant de nouilles instantanées à des brosses à dents, ou des chaussettes qui ne se trouent pas. (avec démonstration à la clé, un grand moment). La clim à fond, la sensation d'être dans un fumoir de boîte de nuit et les lumières toujours allumées vous empêchent de dormir. Enfin, l'état des toilettes vous met au défi de vous retenir pendant 16h. Au début, on regarde des films, on écoute de la musique, on lit. Puis vient un moment où on a plus envie de rien d'autre que de dormir. Par sécurité, toujours un par un. Heureusement pour nous, nous étions équipés. Grâce à un peu de baume du tigre placé sous le nez, un grand pareo pour se protéger du froid de la clim et de l'odeur de la cigarette. Un cache yeux pour la lumière et un coussin de cou pour un peu de confort, on arrive chacun notre tour à dormir une heure ou deux. 

THE END

Les heures passent (lentement) et se ressemblent. Nos yeux se creusent, nos nerfs sont à vifs, nos vessies se remplissent et nos vêtements puent de plus en plus. Parce qu'heureusement, toutes les bonnes choses ont une fin le train fini par arriver à destination. On aperçoit enfin la gare de Chengdu, on y descends, première bouffée d'air frais depuis plus de 16h, nous sommes sauvés.

Comments


bottom of page